Quand le kabuki descend dans la rue

Publié le par benoit

    C'est l'été au Japon, il continue à pleuvoir puisque le temps se détraque partout dans le monde, et il fait une chaleur moite insupportable parfois. Tel le gyooza cuit dans son set vapeur en bambou, l'homme de la rue fait " mushi-mush ", comme ils disent. Ca n'empêche pas l'éclosion de festivals appelés " matsuri " partout dans le japon et quasiment tous les jours. Chaque ville ou presque a le sien, et tous ne se ressemblent pas. L'image je pense courante qu'on puisse avoir est celle de japonais portant des temples sur les épaules à demi nus, des danses hypnotiques et un finish en hana-bi, ou feu d'artifice.
    Mr Takase, un adorable personnage qui souhaite prendre soin de nous et nous faire découvrir le japon, comme tant d'autres de ses compatriotes, nous avait proposé de nous amener au festival de Karasuyama ( la montagne des corbeaux - sympathique, non ? ) dans l'arrière-pays tochigien. Il y aurait du théâtre de rue. On a dit, banco.
    Dans les rues de cette bourgade perdue dans une campagne ravissante aux champs verts fluorescent, des troupes transportent, assemblent et desassemblent à une vitesse surprenante leur propre théâtre de kabuki, pendant trois jours, et offrent aux badauds des représentations de trois heures reprenant selon les thèmes classiques. Beaucoup jouent le jeu de l'événement et s'habillent, notamment les femmes, en yukata ( kimono d'été plus esthetique que circonstanciel ). Les pièces relèvent bien le défi; les acteurs maquillés et costumés comme le veut la circonstance, accompagnés par un petit orchestre tambours-shamisen-flûtes-voix et aidés sur scène par un personnage que par convention on n'est pas censé voir, des décors au premier, deuxième, troisième plan ou plus et une grande liberté dans l'utilisation de l'espace de la scène.
    La pièce que nous avons vue relatait la rencontre d'un samurai digne et d'une jeune fille séductrice qu'un démon avait pris pour apparence. Ce dernier tente, en quelque sorte, de tromper le héros. le samurai, à qui on ne la fait pas, et qui va le prouver sévèrement au démon, triomphe de la tentation. Il brandit l'avant-bras coupé du vilain, fort laid effectivement, les foudres de colère du manchot ne le perturbent même pas. Tout cela était, pour nous, d'une grande qualité. Un excellent moment. Quand au démon castré pour avoir proné l'impureté, il l'avait bien cherché.

Publié dans kaniga

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J
Je te verrais bien faire du kabuki, ça t'irait pas mal :p
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